L’entomophagie, ou le fait de consommer des insectes, est une manière de s’alimenter qui commence à faire parler d’elle. En effet, de plus en plus de personnes se laissent tenter par cette nouvelle source alimentaire, aussi savoureuse et saine, que surprenante. Et même, si cette pratique reste assez taboue en France, plus de « 2,5 milliards de personnes sur la planète consomment des insectes régulièrement » (Durst, 2008).
Même s’il est vrai que l’entomophagie en est encore à ses balbutiements en Europe, cette manière de s’alimenter devrait rapidement trouver de plus en plus d’adeptes, dès lors que les connotations négatives liées au mot « insecte » seront dépassées.
Peut-être est-on sur le point d’apprécier le petit goût de noisette croquante du grillon, la saveur citronnée, plus piquante ou proche du gorgonzola de la punaise d’eau ! Alors, si vous hésitez encore à sauter le pas, voici 5 excellentes raisons de vous lancer dans l’aventure de l’entomophagie.
L’entomophagie est une pratique millénaire
L’entomophagie n’est pas un effet de mode ou une manière de s’alimenter tout droit sortie d’un magazine people. En effet, la consommation d’insectes – entomophagie – se pratiquait déjà sous l’Antiquité, et Aristote (philosophe Grec : 384-322 AV JC) en vantait les saveurs exquises. L’entomophagie est d’ailleurs évoquée dans les ouvrages religieux, tels que la Bible, le Coran ou la Torah. Et même, si la consommation d’insectes n’a jamais représenté une part importante du bol alimentaire européen quotidien, elle est indéniablement présente depuis des millénaires, et a d’ailleurs toujours fait parti des habitudes alimentaires de nombreuses populations sur le continent sud-américain, en Afrique ou en Asie. D’ailleurs, les chenilles et les criquets sont naturellement consommés en Afrique, tout comme les guêpes au Japon, ou les grillons en Thaïlande.
Il a été prouvé que l’entomophagie, pratique très ancienne, remonte à l’époque préhistorique, comme peuvent en témoigner des scènes de repas peintes sur les murs des cavernes. Les premières médecines et médecines traditionnelles s’appuyaient et s’appuient encore sur les insectes comestibles : en Asie, l’entomophagie se pratique tous les jours, mais les insectes sont également utilisés pour leurs vertus thérapeutiques.
En outre, d’après le Dr Dicke, entomologiste aux Pays-Bas, nous consommerions déjà et sans nous en rendre compte, 500g d’insectes annuellement, de part la contamination naturelle des fruits et légumes, entrant dans la composition de très nombreux produits de consommation courante.
Les insectes sont une source de protéines, déclinée autour de 1900 espèces comestibles
Il est de notoriété publique que les protéines sont indispensables au bon fonctionnement de notre organisme, et comme notre organisme est incapable de les fabriquer seul, il est indispensable de les lui apporter. Les insectes sont les champions de la teneur en protéines : le taux de protéines contenu dans ces-derniers est égal voire supérieur à celui que l’on peut trouver dans toutes les autres sources de protéines traditionnelles, animales ou végétales.
De plus, les insectes, dont 1900 espèces seraient comestibles par l’être humain ( FAO, insectes comestibles) peuvent être élevés en utilisant des déchets organiques, et fournissent des protéines, directement utilisables par l’être humain pour sa consommation directe, ou indirecte, dans la fabrication d’aliments reconstitués, voire même comme source d’alimentation pour les animaux.
En outre, les insectes sont non seulement une source de protéines plus importante que celle fournie par le bétail d’élevage traditionnel, mais ils sont également riches en bonnes matières grasses, en vitamines, en fibres et minéraux, et tout cela avec beaucoup moins de calories que la viande traditionnelle. De quoi constituer des repas équilibrés, et bons pour la santé. De plus, cette même valeur nutritionnelle peut varier, en fonction du stade de transformation auquel en est rendu l’insecte en question, de son habitat, ainsi que de son alimentation. Ainsi, les possibilités en termes de nutriments apportés à l’être humain sont énormes. En effet, imaginez qu’il suffit de modifier quelques paramètres pour changer la valeur nutritionnelle d’un insecte !
Subvenir aux besoins en viande de la population mondiale risque de devenir à terme problématique : l’entomophagie serait une solution
Etant donné l’évolution actuelle de la population mondiale, qui devrait dépasser « les 9 milliards d’habitants d’ici une trentaine d’années » (Insee), le fait de consommer des insectes pourrait devenir une nécessité. En effet, afin de satisfaire les besoins mondiaux en viande, la production va devoir être multipliée par deux. Or, les surfaces agricoles ne seront pas en mesure de pouvoir répondre à ce besoin. Par-conséquent, il va devenir nécessaire de trouver d’autres sources de protéines et l’entomophagie se révèle être une excellente alternative. En effet, étant 100% naturelle, la production d’insectes est également très peu gourmande en terme de place. Il faut donc repenser les bases de notre alimentation très rapidement, afin d’être en mesure de pourvoir aux besoins en protéines de la population sans impacter au plus fort la planète.
C’est dans cette optique que la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) a commencé, en 2008, des travaux dont l’objectif est de favoriser et valoriser l’entomophagie.
L’entomophagie : un geste pour la planète
Vous vous demandez en quoi le fait de consommer des insectes permet de réduire l’impact de notre consommation alimentaire sur notre environnement ? La réponse est très simple. En effet, la pollution provoquée par les gaz à effet de serre représente l’une des causes les plus importantes du changement du climat. Or, il a été démontré que les élevages de viande contribuent énormément à la production de ces gaz, et qu’à contrario, les élevages d’insectes polluent de 10 à 100 fois moins « Un élevage avec un faible impact environnemental » (Source : Oonincx et al., 2010) Ainsi, consommer des insectes représente un véritable geste pour l’environnement.
En outre, les insectes étant des animaux dits à « sang froid », ils demandent 6 fois moins de nourriture qu’une vache, 4 fois moins qu’un mouton, et moitié moins qu’un porc ou un poulet tout en produisant la même quantité de protéines au final (Europe entomophagie). Et contrairement aux animaux à sang chaud qui utilisent une partie de ce qu’ils consomment pour se chauffer, les insectes utilisent cette énergie pour leur croissance. Et c’est cette très grande efficacité dans la conversion de leurs aliments qui rend les insectes si intéressant d’un point de vue écologique.
De plus, l’élevage traditionnel est très gourmand en eau contrairement aux élevages d’insectes. Ainsi, envisager de pousser l’élevage traditionnel afin de pouvoir répondre aux besoins en viande de la population mondiale aurait des répercussions désastreuses sur l’environnement ; outre les pénuries de terres agricoles, en eau, et en forêts, cela aurait également des conséquences sur la biodiversité.
Toutes ces raisons font donc de l’entomophagie un véritable geste écologique. En outre, étant donné l’état de notre planète, d’ici quelques années, l’entomophagie risque de devenir une nécessité.
L’entomophagie est une source plus sûre de protéines
Les protéines sont l’un des trois composants de la famille des macronutriments, et ne sont pas stockés par notre organisme. Ce qui signifique que nous devons lui en apporter quotidiennement, afin d’assurer le bon fonctionnement de notre corps. Indispensables au bon fonctionnement de notre système musculaire, les protéines participent également à la fixation du calcium sur l’ensemble de notre squelette. D’où leur importance !
Selon le Dr Dicke, « l’entomophagie est une manière beaucoup plus sûre de consommer des protéines, puisque la consommation d’insectes serait un vecteur de maladies beaucoup moins important que la consommation de viande traditionnelle ». En effet, l’Homme et les animaux d’élevage possèdent de nombreux gènes / nombreuses maladies communes, qui peuvent donc facilement muter de l’espèce animale à l’Homme. Il n’y a qu’à se pencher sur l’affaire de la Vache folle (crise sanitaire provoquée par la transmission de l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine via l’ingestion de viande contaminée), la grippe aviaire ou porcine (virus potentiellement transmissible à l’être humain) pour en être convaincu. De plus, la digestibilité des protéines issues des insectes est extrêmement élevée, et ces-dernières sont très complètes, de par leur composition en acides aminées.
En conclusion, toutes ces raisons devraient vous avoir convaincus, ou du moins avoir débarrassé votre esprit de tous les aprioris liés à l’entomophagie. Véritable nécessité écologique et alimentaire, la consommation d’insectes devrait très rapidement faire de plus en plus parler d’elle. D’ailleurs de nombreux bars et restaurants à insectes commencent à voir le jour. Ainsi, du cuisinier amateur au chef étoilé, les insectes ne manquent pas de s’inviter de plus en plus dans nos assiettes. Alors, qu’ils se dégustent comme apéritif, dans la cuisine thaïlandaise, japonaise, ou consommés en tapas, l’entomophagie grignote chaque jour un peu plus de terrain dans notre sphère gastronomique.
De plus, les insectes peuvent être cuisinés de mille et une manières : qu’ils soient consommés vivants, natures, frits, bouillis, caramélisés, seuls ou en accompagnement, nul doute qu’ils sauront vous faire voyager. Alors, que vous les dégustiez en apéritif, en condiment, en plat principal ou en dessert, le seul frein aux différentes combinaisons de plats, de saveurs ou de textures sera votre imagination. Alors, 1,2,3 croquez !