assiette rempli d'insectes comestibles

Des goûts et dégoût | Ressenti sur le goût des insectes comestibles

Voilà une question que je me pose depuis maintenant pas mal de temps je dois dire, : pourquoi ne mange-t-on pas plus d’insectes dans les sociétés occidentales ?

C’est avec cette question, intimement lié au goût des insectes, que l’on peut s’en poser une autre tout aussi fondamentale, est-ce que les Français ne font pas un peu trop de chichi avec leur alimentation ?

Au-delà du dégoût lié à la méconnaissance et à la crainte de l’inconnu, il existe des facteurs culturels profondément ancrés. Pourtant, on se délecte bien d’étranges fruits de mer (huîtres vivantes, crabes, crevettes, araignées de mer, calamars…), de cuisses de grenouille, de foie gras et autres escargots. C’est avant tout une question de point de vue : en France, consommer du lapin ne pose aucun problème, alors que chez les Britanniques, cela choque de manger un animal de compagnie.

goût des insectes avec des vers à soie
A les voir ainsi disposés dans leur assiette, on se demande bien pourquoi les Européens ne mangent pas plus d’insectes. Mais c’est comme toute chose, pour se faire une idée du goût des insectes, il faut y gouter avant !

Avez-vous encore besoin d’un historique de l’entomophagie ?

Une explication historique toute simple permet de comprendre la situation : les Européens n’ont pas eu besoin de chercher d’autres sources de protéines que celles issues des grands mammifères herbivores (bovins et ovins) ou omnivores (porcins). En plus de la viande, ces animaux leur permettaient d’obtenir des produits dérivés utiles comme le lait, la laine, le cuir, etc. En comparaison, les insectes ne pouvaient en aucun cas offrir autant de bénéfices. Pour les tribus amérindiennes d’Amérique du Nord en revanche, la donne était bien différente. Eux ont dû apprendre à se nourrir de rongeurs, les lézards et les insectes pour pallier le manque de grands mammifères.

Au fil du développement de l’agriculture en Europe, les insectes ont de plus en plus été associés aux nuisances dans les champs et les maisons, difficile alors d’imaginer ces bestioles dans les assiettes. L’urbanisation croissante n’a fait qu’amplifier ce phénomène de dégoût des insectes par des populations de plus en plus éloignées de la nature. Les petits animaux qui appartenaient auparavant au quotidien sont devenus des créatures terrifiantes qu’il faut absolument neutraliser à coups de bombe insecticide.

 

Le goût des insectes doit-il vous éloigner de l’alimentation de demain ?

Aujourd’hui, manger des insectes est encore trop souvent perçu comme une pratique primitive qui n’a pas lieu d’être en Occident. Pourtant, en Afrique, Amérique latine, Asie et Océanie, la cuisine aux insectes n’a jamais cessé d’évoluer. En Thaïlande, pays où l’on consomme le plus grand nombre d’insectes par habitant, il existe un nombre gigantesque de recettes avec des insectes qui peuvent se retrouver frits, bouillis, grillés, en ragoût ou sautées à la poêle avec toutes sortes d’épices et d’accompagnements.

S’ils s’avèrent intéressants sur le plan nutritionnel, c’est avant tout pour leur goût qu’ils sont consommés en quantité. Bacon, pomme de terre, crevette, poulet… Les saveurs sont souvent difficiles à décrire et varient en fonction de l’assaisonnement, mais elles restent toujours subtiles. Forts de ces qualités, les insectes comestibles sont donc bien des aliments d’avenir, un avis que partage la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Cette dernière encourage fortement le monde à investir dans le développement de la production d’insectes et à changer les mentalités vis-à-vis de l’entomophagie. Bientôt, des farines issues d’insectes viendront enrichir en protéines les produits transformés.

Et quand la FAO s’en mêle

La FAO souligne aussi l’intérêt écologique des insectes comestibles. En effet, leur empreinte carbone se révèle beaucoup plus faible que celle du bétail traditionnel. Ils nécessitent moins d’eau, moins d’énergie et d’alimentation, pour un rendement en protéines aussi élevé, voire plus, que la viande. En France, une filière de production s’est organisée en mettant l’accent sur une approche bio et l’exigence de traçabilité. Demain, nous aurons tous des insectes dans nos assiettes !

Et face à toutes ces preuves de leurs bienfaits, est-il vraiment nécessaire de se poser des questions sur le goût des insectes ? Oui, bien sûr ! Si vous n’avez pas envie d’en manger, il est fort probable que dans ce monde d’abondance, vous ne vous forciez pas à le faire avant qu’il ne soit trop tard.

Personnellement, j’aime le goût des insectes et je n’ai aucun problème pour en manger de pleins de sortes et d’espèces différentes. En serez-vous capable ?

 

[Pour en savoir plus, lire l’étude conduite par la FAO et disponible en anglais sur son site : Edible insects: future prospects for food and feed security]

Publié par

Romain Fessard

J'en suis convaincu, les insectes comestibles deviendront bientôt une catégorie d'aliment à part entière, appréciés pour leurs saveurs et leurs avantages nutritionnels.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *